Veranstaltung: | JUSO Schweiz |
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Antragsteller*in: | Comité directeur JS Suisse (beschlossen am: 27.03.2021) |
Status: | Eingereicht |
Verfahrensvorschlag: | Übernahme (Erklärung: Proposition du CD : accepter) |
Eingereicht: | 28.03.2021, 10:50 |
P1-FR: Solidaire et socialiste : pour l’agriculture de demain !
Antragstext
Aujourd’hui, en Suisse, l’agriculture est le domaine où les conditions de
travail sont parmi les plus difficiles ou, autrement dit, un des pires domaines
dans lesquels travailler. La charge de travail, la précarité et le cadre
économique de notre agriculture conduisent à des situations dramatiques. Les
paysan·e·s souffrent de burn-out, croulent sous les dettes et les paiements
directs ne suffisent de loin pas à leur assurer une existence digne. Les petites
exploitations agricoles sont soumises à une pression financière énorme, tant par
la charge des dettes qui pèsent sur elles que par la forte concurrence exercée
par les grandes exploitations, les géants de la distribution et la
libéralisation des marchés internationaux. En Suisse, 4 exploitations agricoles
ferment chaque jour, et la pression qui est mise sur les paysan·ne·s a tendance
à s’accroître.
L’agriculture est fortement subventionnée, en raison de son caractère essentiel
dans l’approvisionnement en nourriture, les services environnementaux ou encore
pour l’entretien du paysage. Pourtant, les paiements directs accordés par la
Confédération ne touchent pas directement leur cible. Au lieu d’aider les
paysan·ne·s mis·es sous pression par le marché, 50% des paiements directs sont
captés par les chaînes de transformation et de distribution. Ainsi, l’argent de
la Confédération ne sert pas à aider les travailleuses et travailleurs mis sous
pression mais bien à contribuer aux profits de Coop, Migros et autres.
L’agriculture est pourtant une profession essentielle, qui doit tirer son
épingle du jeu pour produire en suffisance et de manière éthique et écologique
les denrées alimentaires pour toutes et tous.
Ce papier de position a pour but de dresser le tableau de l’agriculture suisse,
et de proposer une alternative socialiste afin de présenter une vision durable
et solidaire de l’agriculture, qui place l’humain au centre et non plus les
profits de quelques-un·e·s.
Quelles conditions de travail dans l’agriculture
suisse ?
Aujourd’hui encore, les employé·e·s du secteur agricole ne sont pas soumis·e·s à
la loi sur le Travail (LTr). Les règles que nous connaissons, notamment sur le
temps de travail, les jours fériés ou encore les vacances ne s’appliquent donc
pas au secteur agricole. En plus de cela, il n’existe pas de convention
collective de travail (CCT) au niveau national, et les quelques CCTs qui
existent accordent des conditions insuffisantes pour permettre de vivre
dignement. Les conditions de travail sont régies par des contrats-types de
travail (CTT), qui sont des contrats non contraignants édictés sur le plan
cantonal. Cela induit une grande difficulté d’organisation au sein de la
branche, et le fait qu’il existe 26 réglementations différentes pèse toujours en
défaveur des employé·e·s.
Horaires de travail astreignants et bas salaires
En effet, alors que la durée du travail inscrite dans les CTTs est de 53 heures
par semaines, la réalité du terrain montre que les employé·e·s agricoles
travaillent en moyenne près de 58 heures par semaine. Impossible de le faire
sans heures supplémentaires, travail du samedi et même du dimanche, et en
enchaînant des journées de travail avec très peu de pauses payées. En plus des
horaires astreignants, le salaire minimum moyen est de 14 francs de l’heure, ce
qui ne permet absolument pas de mener une vie digne, puisqu’un·e employé·e
agricole touche un salaire oscillant entre 2000 et 2500 francs par mois après
déduction des frais de repas et de logement (auxquels il est difficile de se
soustraire lorsque qu’on passe près de 60 heures par semaine sur son lieu de
travail). Les salaires réels des employé·e·s agricoles ont même diminué ces
dernières années, car l’augmentation du coût de la vie n’est pas prise en compte
dans le calcul des augmentations de salaire.
Forte pression du marché libéral
La situation des petit·e·s agriculteur*trices n’est pas meilleure. Environ 4
exploitations ferment chaque jour dans notre pays, symbole du profond malaise de
la branche. La raison principale est la forte pression économique appliquée par
le marché, par les politiques de libre-échange ainsi que par la forte
concurrence que représente les grandes exploitations contre les petites. Les
agriculteurs et agricultrices sont soumis·e·s à un stress croissant, et cela se
répercute dans les statistiques sur leur santé. 12% des agriculteur*trices
admettent souffrir d’un burn-out : c’est deux fois plus que pour le reste de la
population suisse. En outre, la profession connaît une triste vague de suicide.
Le nombre de paysan·ne·s ayant commis un suicide a doublé entre 2009 et 2015.
Selon une étude menée sur l’agriculture suisse, c’est la perte de la valeur
économique qui semble être vécue par les paysan·es comme une négation de la
valeur fondamentale de la profession1. Cette détresse sociale doit être prise au
sérieux, surtout dans l’optique d’enfin admettre que la politique de paiements
directs actuelle ne suffit pas.
Les difficultés économiques de la branche sont illustrées par la diminution du
nombre d’employé·e·s agricoles. Alors que 115'000 personnes travaillaient dans
le secteur agricole suisse en l’an 2000, elles et ils n’étaient plus que 85'000
en 20182. Ce développement pourrait ne pas être une mauvaise chose, car l’emploi
de nouvelles machines agricoles permet de déployer les ressources humaines de
manière plus efficace. On suppose toutefois que la pression sur les prix conduit
à une augmentation de la charge de travail par personne.
Le statut encore plus précaire des personnes migrantes et
des femmes
La proportion de travailleur*euses étranger·ère·s est en augmentation, et avec
elle le travail au noir. Même si l’Union Suisse des Paysans a toujours nié
l’emploi de travailleur*euses non déclaré·e·s, des études montrent que 8000
personnes sont concernées par le travail au noir dans la branche, en grande
majorité des migrant·e·s. Ces travailleur*euses ne disposent d’aucun droit en
Suisse, ni d’une protection contre les licenciements ou encore contre le non-
paiement des salaires, etc.
Les femmes sont également fortement touchées par la précarité de la paysannerie.
Elles occupent bien souvent une place centrale dans les exploitations agricoles
familiales en assumant l’immense majorité du travail de care, le travail
ménager, tout en partageant en plus de cela le travail agricole. Tout ce travail
non salarié ne leur permet pas d’indépendance, ni de prévoyance vieillesse. D’un
autre côté, ce sont souvent les femmes qui vont les premières chercher du
travail hors de l’exploitation pour apporter des revenus annexes nécessaires à
la survie de leur ménage. Ces multiples contraintes les poussent dans une plus
importante situation de dépendance que les hommes, et elles sont encore plus
touchées qu'eux par le burn-out. Ces problématiques sont notamment thématisées
par l'Union suisse des Paysannes et des Femmes rurales qui a, en 2019, exprimé
des revendications claires dans le cadre de la Grève des Femmes*. Le travail non
rémunéré ainsi que la dépendance financière des paysannes aux paysans doivent
cesser.
La JS Suisse revendique donc à court terme :
• Les employé·e·s agricoles doivent enfin être soumis·e à la Loi sur le travail
;
• Un salaire minimal de 5000 francs pour les travailleurs et travailleuses de
l’agriculture ;
• Des horaires de travail décents ;
• La légalisation de tou·te·s les travailleur·euses en situation illégale ;
• Un salaire et donc une protection sociale pour les femmes paysannes ;
• La hausse globale de la rente AVS minimale afin d'améliorer la situation des
paysannes retraitées.
Analyse économique de l’agriculture en Suisse
Si l’agriculture représente moins de 1% du PIB de notre pays, elle emploie tout
de même plus de 150'000 personnes dans plus de 40'000 exploitations. Le nombre
de personnes actives est constamment à la baisse depuis de nombreuses
décennies3. En matière d’auto-approvisionnement4, l’agriculture suisse est
capable de produire près de 100% des denrées alimentaires d’origine animale, et
environ 40% des denrées alimentaires végétales, pour un taux d’auto-
approvisionnement de 58% en 20185. La production réglementée sur le sol
helvétique entraîne également des exportations de denrées agricoles (afin de
respecter certains quotas de production, mais également par pur intérêt
commercial), qui ont des conséquences dévastatrices pour les agricultrices et
agriculteurs du Sud global. Cela crée un cercle vicieux où la production suisse
est exportée au lieu d’être consommée sur place, et où l’on importe en
conséquence des produits étrangers pour pallier les manques créés
artificiellement en Suisse. Cela favorise à terme la spéculation sur les
matières premières, dont les effets néfastes ont déjà largement été démontrés6.
Développement des grandes exploitations aux dépens des
agricultrices et agriculteurs
Nous pouvons relever quelques tendances qui s’opèrent dans l’économie agricole.
Depuis plus de 40 ans, les surfaces agricoles ont peu évolué, si bien que la
Suisse est parmi les pays européens avec le moins de surface agricole utile par
habitant·e. Dans le même temps, le nombre d’exploitations a baissé de 54%, et le
nombre d’emplois également dans des proportions quasi équivalentes, représentant
une forte perte de savoir-faire et de connaissances techniques7. L’élevage
intensif et les (très) grandes exploitations se développent, si bien que la
taille moyenne d’une exploitation agricole a doublé depuis les années 1970,
poussée par la pression financière, la mécanisation et les projets
technologiques, qui ont remplacé le travail pénible effectué jusqu’alors par les
agricultrices et agriculteurs.
Ainsi, cette évolution a profité aux grandes exploitations qui disposaient du
capital nécessaire pour améliorer leur outillage et leur production. Ceci a eu
pour effet pervers d’augmenter drastiquement l’endettement dans le monde
agricole. À titre indicatif, entre 2010 et 2016, l’endettement par hectare a
augmenté d'environ 20% pour atteindre 31’316 CHF. Or, pour faire face aux
grandes exploitations de l’agrobusiness, les petites exploitations sont forcées
d’investir pour moderniser leurs équipements, amassant toujours plus de dettes
et rendant la viabilité de ces exploitations toujours plus précaire. Cet état de
fait a des conséquences dévastatrices pour les agricultrices et agriculteurs,
qui peinent à trouver un sens dans leur travail si celui-ci ne résulte que sur
des dettes et des difficultés financières.
Les leviers économiques de soutien à l’agriculture
La Suisse soutient l’agriculture par deux axes principaux : premièrement, les
subventions et deuxièmement, la politique douanière.
Les montants des subventions se classent en trois axes principaux : paiements
directs, soutien de la production et de la vente, et amélioration des bases de
production et mesures sociales. Mis ensemble, ces montants représentent environ
60% des revenus agricoles en Suisse. Pourtant, ces montants ne bénéficient pas
aux agricultrices et aux agriculteurs : la moitié des subventions distribuées
par la Confédération est accaparée par les chaînes de transformation et de
distribution. Au lieu de soutenir l’agriculture, nous engraissons les profits
des grandes enseignes, telles que Migros ou Coop, qui possèdent de nombreuses
entreprises de transformation et imposent des prix invivables aux agricultrices
et aux agriculteurs, qui deviennent en conséquence encore plus dépendants de ces
subventions.
C’est là qu’entre en jeu le deuxième axe de protection de l’agriculture en
Suisse : la protection douanière. Pour bien comprendre l’absolue nécessité de la
protection douanière, il faut garder en tête que si l’agriculture suisse produit
principalement pour le marché suisse, le taux d’auto-approvisionnement reste lui
inférieur à 60 %. Il est donc nécessaire de protéger les agriculteurs et
agricultrices suisses, qui doivent respecter des critères relativement rigoureux
s’ils veulent toucher les subventions de l’État, face aux effets pervers du
libre marché.
Cela engendre une différence de coûts évidente : des denrées produites en Suisse
sous des conditions strictes seront plus chères sur le marché que celles
produites ailleurs, sans critères, à des coûts de production bien inférieurs.
Ainsi, des normes existent sur les quotas d’importation de certains produits ou
sur les normes que ces derniers doivent atteindre pour être importés en Suisse.
Pressions néfastes de la grande distribution et des
importations
Ces leviers doivent être conservés et développés pour assurer la survie de
l’agriculture suisse, tant que nous nous trouvons encore dans l’actuelle
construction capitaliste d'État-nation. Les agricultrices et agriculteurs
subissent aujourd’hui deux pressions lourdes. La première est celles des grandes
chaînes de distribution, évoluant dans un marché oligopolistique, qui fixent des
prix bas en se garantissant une marge copieuse lors de la revente une fois les
produits transformés. La seconde est celle des produits étrangers importés, qui,
malgré quelques réglementations douanières, sont une concurrence déloyale aux
produits helvétiques. La situation est ubuesque : les subventions sont
détournées, les prix de vente abusivement bas sont contrôlés par les géants de
la distribution et de la transformation qui s’assurent des marges copieuses tout
en bénéficiant des subventions de l’État, et les produits qui ne trouvent pas
grâce sur le marché helvétique sont poussés à l’exportation, nuisant aux marchés
extérieurs. Tout un symbole de l’absurdité du marché dans l’agriculture. Un
exemple parmi tant d’autres de l’absurdité de ce système est le vin : les vins
étrangers importés en Suisse le sont à des prix défiant toute concurrence
nationale (près de 40% des vins importés le sont à moins de 1,50 CH le litre).
En conséquence, les vins suisses perdent de lourdes parts de marchés et ne
représentent plus que 35 % des ventes8. La solution proposée actuellement aux
productrices et producteurs est d’exporter.
La JS Suisse revendique donc à court et moyen terme :
• L’introduction d’un moratoire de cinq ans sur la baisse des prix d'achat entre
les agriculteur*ices, et la grande distribution et les entreprises de
transformation
• Le développement de plateformes d’échange direct entre producteurs*trices et
consommateurs*trices ;
• L’augmentation des subventions directes à l’intention des structures agricoles
régionales à taille humaine ;
• L’interdiction de la spéculation sur les denrées alimentaires
• Un droit de préemption de l'État en cas d'abandon d'une exploitation agricole,
avec droits préférentiels pour les familles et les employés ;
• La hausse des droits de douane à l'importation pour les produits qui ne
peuvent être compétitifs en raison d'une production étrangère trop bon marché.
Effets de l’agriculture sur le climat et
l’environnement
Aujourd'hui, l'agriculture et responsable de 14.2% des émissions de gaz à effet
de serre en Suisse. La majorité (56%) de ces émissions provient de l'élevage.
S'y ajoutent les émissions de protoxyde d'azote issues de l'utilisation des sols
agricoles, et les émissions dues au stockage du fumier. Ces émissions ont baissé
de 10% depuis 1990, essentiellement en raison de la diminution du nombre de
bovidés et de l'amélioration de méthodes de production.
Les émissions issues de l'élevage de bovidés ne peuvent être réduites que
jusqu'à un certain point sans faire baisser la taille du cheptel suisse. Il est
donc indispensable de réduire l'élevage de bétail, et donc la production de
produits animaux. Il existe également des mesures techniques pour réduire les
émissions et l'alimentation des animaux, qui peut également contribuer à la
réduction des émissions. La formation d'humus permet de capturer le carbone, et
donc de réduire les émissions supplémentaires. Une autre mesure consiste à
arrêter la surfertilisation.
Ces mesures, qui peuvent réduire les émissions de l'agriculture, sont urgemment
nécessaires et doivent immédiatement être mises en place si l'on veut atteindre
zéro émission nette d'ici 2030 et répondre aux objectifs de l'accord de Paris
sur le climat. Ces mesures impliquent des coûts et des efforts, et doivent être
soutenues par toute la société car la mise en place d'une agriculture durable et
respectueuse du climat incombe à la société dans son ensemble. Cela sera
également profitable à l'agriculture elle-même, car elle est déjà actuellement
fortement impactée par le changement climatique. Le manque d'eau, la sécheresse
des sols, la fréquence accrue des phénomènes climatiques extrêmes et la hausse
de la température moyenne remettent fondamentalement en question la production
actuelle. Les canicules de ces dernières années, tout particulièrement celle de
2018, nous ont déjà montré à quel point l'agriculture locale est menacée par la
crise climatique.
La JS Suisse revendique donc à court terme :
• Une agriculture extensive pour la constitution d'humus ;
• Une alimentation optimale des animaux d'élevage, et l’application de moyens
techniques pour réduire les émissions ;
• La promotion d'une agriculture qui apporte des solutions à la crise climatique
;
• L’interdiction de l’utilisation de l’argent des contribuables dans la
promotion de produits animaux.
Utilisation néfaste de pesticides et menace de
la biodiversité
Depuis l'invention de l'agriculture, des mesures sont mises en place pour
protéger les plantes cultivées des influences du monde extérieur. Nous avions et
avons encore besoin de ces mesures pour que l'agriculture puisse nourrir
l'humanité. Cependant, l'usage de pesticides de synthèse menace non seulement la
biodiversité, mais aussi la santé humaine. Une interdiction des pesticides de
synthèse est donc une mesure nécessaire, mais qui ne doit pas intervenir seule.
D'une part, il est nécessaire de soutenir l'agriculture, et d'autre part,
l’accès à des denrées alimentaires saines et abordables doit être garanti pour
toutes et tous. L'utilisation de l'ingénierie génétique pourrait avoir une
contribution à apporter, mais seulement après une recherche et des tests en
profondeur, le tout entre des mains publiques. En outre, l'usage d'OGM ne doit
pas contribuer à rendre les paysan·ne·s dépendant·e·s des entreprises de
production de semences par le biais des licences.
En plus de la crise climatique menace également une crise de la biodiversité,
soit l'extinction irréversible de millions d'espèces animales dans les
prochaines décennies. Cette perte détruira des écosystèmes entiers, et
s'accompagnera de conséquences sans précédent sur le monde entier. Après les
cinq précédentes extinctions de masse connues, il a fallu des millions d'années
pour que la nature s'en remette. Cette extinction est due à la destruction des
habitats et à l'introduction de poisons dans la nature. La biodiversité ne peut
prospérer en monoculture ; une agriculture écologique ayant pour but la
préservation de la biodiversité est nécessaire. Cela concerne également les
surfaces qui ne sont pas exploitées afin de laisser suffisamment d'espace à la
nature.
L'agriculture n'a de loin pas qu'un impact négatif sur l'environnement ; au
contraire, dans de nombreuses régions, elle assure une énorme biodiversité. Les
alpages, avec leur énorme biodiversité, n'existeraient pas sans le travail
souvent difficile de l'agriculture alpine. Cependant, une agriculture qui se
soucie de la biodiversité est en opposition totale à la maximisation du profit
par les monocultures et l'usage de pesticides. Tant que l'agriculture sera
soumise à la pression de la concurrence, la production durable restera un
domaine de niche. Il est décevant que le plus gros représentant du domaine de
l'agriculture, l'Union suisse des paysans (USP), s'oppose à toute législation
progressiste. Ce lobby agricole, formé surtout de grosses exploitations et
proche de l’UDC et du parti "Le Centre", agit clairement contre l'intérêt à
moyen et long terme de la majorité des agriculteur*ices.
La JS Suisse revendique donc à court terme :
• L’interdiction des pesticides de synthèse et protection de l'agriculture
intérieure par l'application des mêmes règles à l'importation ;
• La levée du moratoire sur l'ingénierie génétique et une recherche uniquement
dans des mains publiques ;
• La promotion des cultures mixtes et la compensation des coûts liés ;
• L’expansion des surfaces non cultivées.
Notre vision : le système des trois piliers pour
une agriculture solidaire et socialiste
La situation actuelle n'est pas satisfaisante. D'une part, l'agriculture
bénéficie de subventions étatiques, de paiements directs et d'autres privilèges
; d'autre part, les détaillants agissent dans un oligopole9. Tout cela coûte
cher, génère beaucoup de bureaucratie, et ne parvient pas à assurer des
conditions décentes dans l'agriculture ou une participation démocratique. Une
alternative au système actuel est nécessaire.
Les objectifs pour une agriculture du futur en Suisse sont clairs : nous voulons
des denrées alimentaires et autres produits agricoles produits de manière
écologique. Il faut garantir que toute la population ait accès à ces produits en
quantités suffisantes. Parallèlement, nous voulons que les personnes qui
travaillent sur les exploitations agricoles bénéficient de bonnes conditions de
travail et d'une sécurité sociale. Ces conditions sont aujourd'hui
inatteignables au sein d'un système orienté vers le profit et organisé en
économie de marché. Une agriculture socialiste et démocratique est nécessaire.
Notre vision d'une agriculture socialiste et démocratique s'appuie sur trois
piliers : planification, production et distribution.
Planification centralisée de l'agriculture
La production agricole doit être planifiée de façon centralisée. Cela signifie
qu'une instance de planification centrale, contrôlée de manière démocratique,
devra, en se basant sur les besoins des années précédentes et les projections
pour les années suivantes, définir ce qui devra être produit par l'agriculture.
Les mandats issus de cette planification seront ensuite distribués aux
agriculteur*ices et aux exploitations agricoles en fonction de leurs capacités
et de leurs besoins. Celle ou celui qui remplira son mandat de production
bénéficiera d'une garantie d'achat. Les prix des produits commandés seront
établis de façon à couvrir totalement les coûts de production, afin que les
subventions ne soient pratiquement plus nécessaires. Les différents facteurs
liés au contexte (comme la géographie, les conditions climatiques, la
productivité) seront pris en compte, afin d'éviter toute guerre des prix
néfaste. Sinon, les mandats de production agricole peuvent être également
confiés à des agriculteur*ices employé·e·s par l'État (voir « production et
emploi »)
Cette planification centralisée définira également des objectifs sur plusieurs
années, qui concerneront par exemple les conséquences écologiques de la
production, c'est à dire la manière dont les émissions de gaz à effet de serre
issues de l'agriculture doivent être réduites. Elle traitera également de
questions fondamentales telles que le degré d'autosuffisance de la Suisse. Cette
forme de planification permet une participation démocratique et une utilisation
beaucoup plus efficace des ressources disponibles, et évite le gaspillage dû à
la surproduction actuelle et la concurrence inutile.
Production et emploi
Les biens agricoles continueront d’être produits par les agriculteur*ices.
Celles et ceux-ci disposeront de deux façons d'obtenir leurs revenus : les
agriculteur*ices et leurs employé·e·s pourront premièrement être engagé·e·s par
l'État. Elles et ils travailleront sur leur exploitation à remplir les mandats
de production qui leur auront été attribués, en échange d'un salaire juste. Leur
revenu sera assuré indépendamment du rendement, et elles et ils pourront
respecter les conditions de travail définies par la loi.
La production agricole pourra deuxièmement s'organiser en coopératives ou
travailler de manière indépendante (par exemple comme petite paysanne) plutôt
qu'auprès de l'État. Dans ce modèle de production, les exploitations recevront
également des mandats de production de l'État qu'elles devront remplir - celles-
ci ne seront cependant pas obligées de mobiliser toute la capacité de production
de l'exploitation si la coopérative ou le/la petit·e paysan·ne ne le souhaite
pas. Les mandats de production centralisée garantiront une sécurité à ces
exploitations, grâce aux prix définis et à la garantie d'achat. Paralèllement,
elles pourront également définir une production propre et la distribuer par
d'autres canaux. Il est clair que des conditions sociales et écologiques très
strictes devront être imposées aux producteur*ices non-étatiques par la
planification. Les surfaces agricoles devront également progressivement passer
en mains publiques. Elles seront ensuite mises à disposition des
agriculteur*ices à travers un droit de construction sans intérêt. L'octroi de
droits de construction tiendra bien sûr compte de qui a précédemment habité ces
terrains et y travaillé.
Distribution démocratique
Les biens agricoles produits passent des exploitations agricoles aux
consommatrice*eurs ou à la transformation selon un processus qui est
actuellement en grande partie contrôlé par les grandes entreprises pseudo-
démocratiques que sont Coop et Migros. Ces dernières exercent depuis des années
une pression sur les prix qu'elles payent aux producteur*ices, et dégagent ainsi
une marge considérable. Selon notre vision, la distribution des produits doit
également être organisée par l'État et soumise à un fort contrôle démocratique.
Les prix d’achat aux producteur*ices, définis à l’avance, seront respectés, la
garantie d'achat appliquée, et une distribution efficiente sur tout le
territoire sera mise en œuvre. On tiendra également compte des préférences des
consommateur*ices en fonction des régions, et on veillera à une répartition
équitable des produits. La structure responsable de la distribution définira
également quels produits seront importés de l'étranger, et en quelles quantités.
Afin que la production intérieure ne soit pas concurrencée par des produits
étrangers bénéficiant de coûts fixes plus bas, des taxes à l'importation seront
appliquées lorsque cela sera nécessaire. Des produits pourront également être
redistribués pour un prix inférieur à leur prix de production. Cela garantira
pour chacun·e l'accès à une alimentation saine et écologique, et permettra que
les biens intensifs en main d’œuvre, mais tout de même utiles, soient aussi
produits.
L'agriculture est un secteur extrêmement important : elle est indispensable à
l'approvisionnement de la population et comble le droit fondamental de l'humain
à une alimentation équilibrée, tout en remplissant un rôle important dans la
protection de l'environnement et l'entretien du paysage. Notre vision socialiste
de l’agriculture, basée sur les trois piliers mentionnés, assure que ni les
femmes, ni les hommes, ni la nature ne soient exploité·e·s, et garantit un usage
raisonnable des ressources naturelles. Il est grand temps de prendre un nouveau
départ !
---------
1 Forney, Buxtorf, 2018
2 Ce chiffre ne prend en compte que les employés agricoles et pas les paysans
indépendants.
3 Agristat, L’agriculture suisse en chiffres, 2021, consulté en ligne :
https://www.sbv-usp.ch/fr/service/agristat-statistique-de-lagriculture-suisse/
4 Le degré d’auto-approvisionnement indique dans quelle mesure la demande
intérieure de denrées alimentaires peut être satisfaite par la culture et la
production en Suisse.
5 Rapport agricole 2020, Taux d’auto-approvisionnement, consulté en ligne :
https://www.agrarbericht.ch/fr/marche/developpement-du-marche/taux-dauto-
approvisionnement
6 La JS Suisse avait d’ailleurs lancé son initiative Stop à la spéculation pour
contrer ce système pervers.
7 RTS, 40 ans d’évolution de l’agriculture suisse, 2019, consulté en ligne :
https://www.rts.ch/info/suisse/9826101-40-ans-devolution-de-lagriculture-
suisse.html
8 Uniterre, Manifeste des paysannes et paysans suisses pour un marché juste et
équitable, 2019, consulté en ligne : https://uniterre.ch/fr/thematiques/paysans-
paysannes-mobilisez-vous-manifeste-pour-un-marche-ju
9 On parle d'oligopole quand un petit nombre d'entreprises domine le marché, et
a donc une grande influence sur les prix et les méthodes de production.
Änderungsanträge
- P1-DE-012 (Clara Bonk (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-014 (Nino Russano (JUSO Basel-Stadt), Zurückgezogen)
- P1-DE-027 (Clara Bonk (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-038 (JUSO Aargau (beschlossen am: 09.04.2021), Eingereicht)
- P1-DE-048 (Lea Levi, Eingereicht)
- P1-DE-053 (Clara Bonk (JUSO Baselland), Eingereicht)
- P1-DE-070-2 (JUSO AG (beschlossen am: 09.04.2021), Zurückgezogen)
- P1-DE-075 (Clara Bonk (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-098 (Jonas Bischofberger, Zurückgezogen)
- P1-DE-099 (Alexander Robert Herren (JUSO Stadt Zürich), Eingereicht)
- P1-DE-102 (Jonas Bischofberger (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-134 (Jonas Bischofberger (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-159 (Elena Kasper (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-176 (Elena Kasper (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-176-2 (JUSO Aargau (beschlossen am: 09.04.2021), Eingereicht)
- P1-DE-177 (Elena Kasper (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-195 (Joel Jansen, Zurückgezogen)
- P1-DE-203 (Joel Jansen (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-211 (Joel Jansen (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-215 (Laura Fischer (JUSO Zürich Unterland), Eingereicht)
- P1-DE-217 (Laura Fischer (JUSO Zürich Unterland), Eingereicht)
- P1-DE-220 (Joel Jansen (JUSO BL), Zurückgezogen)
- P1-DE-232 (Joel Jansen (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-235 (Joel Jansen (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-238 (Joel Jansen (JUSO BL), Zurückgezogen)
- P1-DE-239 (Joel Jansen (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-274 (Jakub Walczak, Eingereicht)
- P1-DE-302 (Jonas Bischofberger (JUSO BL), Zurückgezogen)
- P1-DE-302-2 (Jonas Bischofberger (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-312 (Clara Bonk (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-346 (Noam Schaulin (JUSO BL), Eingereicht)
- P1-DE-350 (Noam Schalin (JUSO BL), Zurückgezogen)
- P1-FR-101 (JS Genève (beschlossen am: 07.04.2021), Eingereicht)
- P1-FR-116 (Elisa Moret (JSVR), Eingereicht)
- P1-FR-249 (Elisa Moret (JSVR), Zurückgezogen)
- P1-FR-292 (JS Genève (beschlossen am: 07.04.2021), Eingereicht)
- P1-FR-315 (JS Genève (beschlossen am: 07.04.2021), Eingereicht)