En tant que militantes socialistes, nous le savons bien, les femmes sont un groupe social matériellement opprimé, discriminé, économiquement désavantagé, dans le cadre actuel d'une société patriarcale. Si l'intention de réparer par l'écriture inclusive et les normes de rédactions épicènes le tort qu'on fait aux femmes nous semble louable, il n'est aussi pas suffisant. Une vraie position construite sur des valeurs féministes et socialistes doit aller plus loin, ne pas se contenter de proposer dans le discours une sorte d'équilibre dont on sait bien qu'il n'a pas d'existence matérielle, construire des utopies en proposant une autre réalité possible, celle de l'abolition du genre.
C'est dans ce cadre que la JSG propose la mise en place du féminin universel, un système rédactionnel qui thématise l'enjeu féministe en permanence, en prenant une posture militante de destruction des systèmes d'oppression fondés sur l'axe sexe-genre, à travers la proposition radicale du renversement.
D'un point de vue idéologique, le féminin universel a deux avantages notables
1) Il présuppose l'idéal de l'abolition du système discriminant et oppressif sexe/genre, en supprimant la division de l'humanité en sexes
2) Il re-thématise en permanence l'enjeu féministe
Certes, le féminin universel ne représente pas tous les genres existants dans leur diversité. Mais il convient, en tant que socialistes, d'adopter une lecture matérialiste des questions de genre, et de constater que le groupe social le plus clairement discriminé sur la base du genre, toutes choses égales par ailleurs, est celui des femmes.
En outre, le choix d'un genre qui se veut vraiment universel (donc qui n'est pas le masculin, le genre du dominant) peut être plus à même de représenter l'énorme diversité des genres. En effet, si l'on vise une représentation des genres à l'écrit par des caractères, il est difficile de trouver une solution écrite permettant d'assurer que toute personne se sente représentée. (Le x est parfois une option intéressante, mais de nombreuses personnes trans et non-binaires trouvent au contraire déshumanisant d'être représentées par cette lettre). Un féminin universel inclusif, et non un masculin universel écrasant.
Enfin, une telle proposition aurait l'avantage d'améliorer l'accessibilité de nos documents écrits pour les personnes non-francophones, dyslexiques, ou utilisant un lecteur d'écran.