Veranstaltung: | 240928 September DV JUSO |
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Antragsteller*in: | Comité directeur de la JS Suisse (beschlossen am: 31.08.2024) |
Status: | Eingereicht |
Eingereicht: | 03.09.2024, 09:23 |
A3: Pour un système de santé solidaire, égalitaire, et émancipateur !
Titel
Antragstext
Définition de la santé
Tout d’abord, qu’est-ce que la santé ? La définition la plus largement utilisée
est celle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), selon laquelle la santé
est “un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”[1]. Il s’agit donc d’une
définition positive axée sur l’épanouissement. Cela rentre en contradiction avec
la définition effective à laquelle nous sommes confronté·es dans le système de
santé, qui est axée sur la guérison, voire la mitigation, des maux.
De cette deuxième définition, plus restreinte, découle une catégorisation des
personnes comme étant “malades” ou “saines”. Cette catégorisation en personnes
“saines” ou “malades” n’est pas innée. Elle est le résultat d’une évolution
historique d’individualisation de la santé et d’une association directe entre
santé et travail[2]. Avec l’industrialisation de la société, la bonne santé
devient synonyme de la capacité à travailler[3]. Ainsi, dans une société
capitaliste, le système de santé a pour but principal de maintenir la force de
travail et garantir que les travailleuse·eurs puissent rester productive·ifs.
Ces catégories reflètent les rapports de force de notre société et écartent la
question du bien-être. Elles montrent comment le système de santé contribue au
maintien et à la création de normes qui définissent comment une personne doit
être, fonctionner et à quoi elle doit ressembler. L'examen critique du modèle
médical individuel[4] fait encore une fois ressortir cette organisation générale
: le modèle se concentre sur le manque de capacités sensorielles, mentales et
physiques et part de l'idée d'un corps défini comme sain et non handicapé. Ce
modèle amène ainsi à une manière déshumanisante de voir les personnes.
L'objectif inhérent à ce modèle est la réduction ou la “réparation” des
handicaps au regard des personnes non handicapées et de ramener tout le monde
vers un idéal de personne non handicapée. Les personnes handicapées sont
définies et cantonnées à une catégorisation de "non normalité" supposée.
L'individu est dépeint comme une “victime” ou un “problème”.
Comment le capitalisme nous rend malades — Une
perspective Suisse
La définition de la bonne santé est donc liée au capitalisme, et l’attention
portée à la santé est également conditionnée par les priorités dictées par
l’économie. Un exemple de cela est la crise du COVID, et en particulier la
réticence des gouvernements à mettre en place des mesures de santé publique qui
pourraient nuire à l’économie.
Mais la santé n’est pas seulement subordonnée à la préservation du capitalisme :
elle est directement et négativement affectée par les activités économiques.
Le travail sous le capitalisme représente une exploitation poussée à son
maximum, repoussant les limites de la santé des travailleuse·eurs. À l’ère
néolibérale, les relations de travail sont en plus marquées par l’instabilité et
l’insécurité. Dans les systèmes néolibéraux, le diagnostic de “burn-out” est
aussi utilisé pour qualifier le moment où un·e travailleuse·eur ne peut plus
résister à l’épuisement physique et/ou moral dû au travail. Bien que la notion
individualise la problématique[5], les chiffres sur le burnout sont un
indicateur des conséquences du travail sur la santé. Dans un sondage de la SSR
de 2023, 17 % des personnes ont confié avoir déjà souffert d'un burn-out, et 25
% des travailleuse·eurs ont déclaré ressentir que leur travail les plaçait
particulièrement en risque de burn-out. Plus le revenu est bas, plus le risque
de burn-out est élevé[6]. Le stress chronique n'a pas que des conséquences
psychologiques ; il peut aussi entraîner un syndrome dit métabolique qui
augmente le risque de crise cardiaque ou d'AVC[7], [8], [9].
Il n’y a malheureusement pas de statistiques officielles en Suisse sur la
mortalité selon la classe sociale, une motion allant dans ce sens ayant été
rejetée au Conseil national. Cependant les chiffres de pays économiquement
similaires à la Suisse montrent la réalité de ce lien.[10] , [11], [12] D’autres
études montrent un écart croissant de l’espérance de vie en bonne santé selon
les niveaux d’études[13]. Les personnes avec un niveau d’éducation plus bas ont
non seulement une espérance de vie plus basse, mais passent une plus grande
partie de ces années en mauvaise santé[14]. Le travail est parfois lié
directement à la mortalité : en Suisse, environ 200 personnes par an meurent
d’accidents au travail[15]. En prenant également en compte les accidents non-
mortels, 250 000 accidents ont été enregistrés en 2022[16]. La dangerosité est
directement liée au type d’emploi, étant nettement plus élevée dans le secteur
de la construction ou pour les contrats intérimaires[17].
Outre les dommages directs, le capitalisme crée également des conditions de
crise qui impactent la santé. Par exemple, la crise climatique entraîne des
conditions nuisibles à la santé : les canicules, conditions météorologiques
extrêmes, pénuries de nourriture ou d'eau ou encore les guerres pour les
ressources nuisent à la santé et raccourcissent l'espérance de vie[18]. Outre la
crise climatique, d’autres phénomènes tels que le mal-logement, les difficultés
d’accès à une alimentation saine, et de manière générale le manque de temps pour
prendre soin de soi-même péjorent la santé humaine. Il est donc clair que
capitalisme et mauvaise santé sont intrinsèquement liés. De plus, la logique
capitaliste marque profondément le fonctionnement et le financement du système
de santé, ce que nous allons maintenant approfondir.
Le système de santé suisse
Un financement et des prestations inégalitaires
En Suisse, il est obligatoire pour toutes et tous les résident·es de contracter
une assurance de base auprès d'une caisse maladie privée. Ces caisses
d’assurance, privées ou issues de la société civile, se sont développées à
partir du XIXe siècle. Elles ont été rendues obligatoires et harmonisées par la
LAMal en 1994[19]. Aujourd'hui, il existe environ 50 caisses maladie reconnues
par la Confédération et qui doivent toutes proposer les mêmes prestations pour
l'assurance de base. D'autres pays, comme le Danemark, n'ont qu'une seule caisse
maladie d'État financée par les impôts sur le revenu. En Suisse, chaque assuré·e
doit payer une prime mensuelle. Le montant de cette prime dépend de plusieurs
facteurs[20]. Du côté des assurances complémentaires, les personnes qui
représenteraient potentiellement un plus grand coût de prise en charge, comme
les personnes handicapées, sont parfois refusées[21]. Cela est en contradiction
totale avec une conception de la santé comme un service public accessible et qui
offre des prestations équitables à toutes les personnes, y compris les plus
vulnérables.
Dans un système qui différencie assurance de base obligatoire et assurance
complémentaire, il faut s’intéresser à quels soins sont considérés comme “de
base” et sont remboursés, et lesquels ne le sont pas. Un exemple frappant est
celui des soins dentaires, qui ne sont pas compris dans l’assurance obligatoire
alors qu’ils sont d’une très haute importance. En effet, des problèmes dentaires
non-soignés peuvent avoir des répercussions graves sur la santé. Dans une
société capitaliste, les soins qui sont remboursés sont ceux qui permettent de
maintenir la force de travail de la population, et au premier regard, les soins
dentaires ne sont donc pas nécessaires suivant cette logique.
Nous avons mentionné plus haut que le système de santé a pour but premier la
guérison des maux, plutôt que l’épanouissement des individus. Cela se reflète
par exemple dans le remboursement des transitions de genre, qui ne se fait qu’en
cas de diagnostic d’une dysphorie de genre — c’est-à-dire lorsqu’une pathologie
est identifiée. Cela est également visible dans le faible financement de la
prévention en Suisse et la faible place qui lui est donné dans le cadre
légal[22]. La prévention, en plus d’être rentable financièrement, permet surtout
d’éviter la souffrance avant qu’elle n’advienne, plutôt que de la traiter quand
elle se déclare. L’exemple de la transition de genre, où ressentir le besoin de
transitionner ne suffit pas pour accéder aux procédures médicales, montre
également que le système de santé ne priorise pas l’auto-détermination
corporelle. C’est un phénomène qui est par exemple connu des personnes avec un
utérus qui cherchent à se faire stériliser volontairement, et qui sont
confronté-es à des refus. Ainsi, le système de santé, par son financement et son
fonctionnement, n’est pas orienté sur l’épanouissement des travailleuse⋅eurs,
mais sur le traitement des pathologies qui pourraient nuire à leur productivité.
Comme mentionné ci-dessus, le système de santé suisse est largement financé par
les primes. Seulement 36 % des dépenses du système de santé sont financées par
les impôts et les cotisations salariales, contre 80 % en Europe[23]. Cela crée
un système profondément inégalitaire : puisque les assurances sont fractionnées
en une multitude d’entreprises privées et que les primes ne sont pas basées sur
le revenu des individus, il n’a pas de mécanisme de redistribution. Le résultat
est un système où l’accès aux soins est inégal, et où les coûts de la santé
peuvent représenter une lourde charge pour les individus. Depuis 1997, les
primes ont augmenté de 158 %, contre seulement 12 % pour les salaires [24]. Un
quart de la population doit donc renoncer à consulter[25], alors que pour les
plus aisées ces limitations n’existent pas. Pour pallier le dysfonctionnement du
système, 25 % de la population suisse reçoit des subsides[26]. Les aides qui ne
sont pas versées automatiquement ont cependant de nombreuses limites, et ne
peuvent compenser un système profondément injuste.
Dans le discours médiatique dominant porté par la droite, il est souvent
question de “l’explosion des coûts de la santé”. Les statistiques montrent
néanmoins que, même si les coûts de la santé augmentent, ils le font de manière
proportionnelle au PIB. Il n’y a donc pas d'explosion des coûts. Cette
rhétorique est toutefois utilisée pour justifier de nombreuses propositions de
réforme qui continuent d’affaiblir les services publics. On peut par exemple
mentionner l’initiative du Centre sur un frein aux coûts, qui aurait laissé au
parlement le choix de réduire les coûts de la santé où bon lui semble, y compris
potentiellement au détriment des travailleuse·eurs. Le PLR, lui, propose une
nouvelle assurance obligatoire “low-cost” avec une plus faible qualité des
soins, qui s’adresserait bien sûr aux personnes précaires alors que les plus
riches n’auraient pas besoin de renoncer ainsi à la qualité de leurs soins.
D’autres parlent même de suppression de l’assurance maladie obligatoire[27]. En
novembre 2024, la population suisse devra en outre voter sur la réforme “EFAS”,
qui pourrait placer la gestion des fonds publics de santé et donc un pouvoir
dangereux entre les mains des assurances qui en profiteront pour accroître leur
profit. Cela pourrait aussi avoir un effet dramatique sur des primes déjà
largement impayables pour une partie de la population. En parallèle de la
privatisation croissante du système de santé, cela entraîne le passage
progressif du système de santé du service public aux entreprises capitalistes.
Ces réformes et propositions anti-sociales masquent les vrais problèmes de
financement du système de santé suisse : son manque de solidarité et sa
priorisation du profit. La logique libérale auquel est actuellement soumis le
système, marquée par l’austérité, les coupes budgétaires et la privatisation,
fait porter le fardeau à la population et limite toujours plus l’accès aux soins
pour les personnes précaires.
La création de profits dans le système de santé
Notre système de santé est orienté vers la génération de profit. Dans le système
néolibéral, ce ne sont pas seulement les conditions de travail des personnes qui
sont attaquées, mais aussi l'État social et les infrastructures sociales aussi
bien que le système de soins. C'est le cas notamment à cause de soi-disant
réductions des coûts et de politiques d'austérité, mais avant tout parce que le
système de soins est réorganisé d'après des logiques de profit et de manière à
les maximiser.
Une forte source de profit dans le système de santé est la privatisation
croissante du système, que ce soit par la multiplication des cliniques privées
ou la privatisation des hôpitaux. La privatisation croissante a pour conséquence
une détérioration des conditions de travail, des salaires, de la santé, et
engendre des soins de moindre qualité[28], alors que pour le plus grand groupe
suisse dans le domaine, Hirslanden, le chiffre d'affaires annuel s’élève à deux
milliards[29].
L’industrie pharmaceutique est un autre acteur central dans la recherche du
profit sur le dos de la santé. Elle constitue une partie importante de
l'économie suisse : rien que sur notre territoire, l'industrie de la chimie et
de la pharmacie compte plus de 1000 entreprises. Parmi elles, Novartis et Roche,
deux des plus grosses entreprises pharmaceutiques du monde[30].
En 2022, 40 % des exportations à l'échelle nationale provenaient de la branche
pharmaceutique, pour une valeur de 109 milliards de francs[31]. Novartis ne
cesse d'accroître ses profits, à un point tel que l'entreprise a pu tripler les
dividendes qu'elle a versés par action au cours des 20 dernières années[32].
Un outil important de l'industrie pharmaceutique dans sa lutte de concurrence
pour générer plus de profits sont les brevets. Les brevets sur les médicaments
sont limités dans le temps ; quand ils expirent, d'autres entreprises peuvent
produire sur la même base un médicament dit générique. Les génériques sont
généralement meilleur marché que le médicament original et rapportent moins de
profits aux entreprises. Ainsi, alors que les bénéfices sur les médicaments
originaux ont augmenté de 675 à 964 milliards de dollars depuis 2018, la
croissance n'est que de 75 à 80 milliards pour les génériques[33].
Le recours aux brevets représente plusieurs problèmes pour les pays du Nord
global comme la Suisse. Un brevet pouvant être déposé non seulement sur le
principe actif lui-même, mais aussi entre autres sur des modes de production ou
des moyens d'administration (comme une seringue à insuline), la plupart des
entreprises détiennent plusieurs brevets sur un même produit. La pratique est
donc courante d'apporter de légères modifications à un médicament peu avant
l'expiration de son brevet, puis de déposer un nouveau brevet sur cette nouvelle
variante du médicament original. C'est par exemple ce que fait l'entreprise
pharmaceutique Eli Lilly avec l'insuline, raison pour laquelle les prix de
l'insuline aux États-Unis sont longtemps restés inabordables pour certaines
personnes[34].
Cependant, le public est également exploité dans la recherche. Une étude de Jama
Network Open a analysé presque 2000 études sur les traitements et vaccins contre
le Covid-19 au cours des années 2020 et 2021. Parmi les études consultées, plus
de la moitié étaient financées par le public et un peu plus d'un quart par
l'industrie pharmaceutique[35]. Cependant, ce sont des entreprises privées comme
Pfizer qui ont fait des bénéfices record avec la vente de vaccins à ARNm contre
le Covid-19 — une technique qui n'aurait jamais pu voir le jour sans des
décennies de recherche publique[36]. Cet exemple montre une fois de plus que, du
début de la recherche à la vente à prix gonflés des médicaments, les coûts sont
répercutés sur l'ensemble de la population alors que les profits sont captés par
une poignée de capitalistes.
En conclusion, l'industrie pharmaceutique profite et abuse de sa position
essentielle dans le secteur de la santé. Cela se fait au détriment du public et
de la santé des patient·es. Il est grand temps d'y mettre un terme.
Le travail au sein du système de santé
Comment travaille-t-on dans le système de santé ?
Avant tout, il est essentiel de noter que le fonctionnement du système de santé
repose sur l’immense travail de care non-payé en Suisse, qui est majoritairement
effectué par les personnes FLINTA[37]. La plus grande part des personnes qui
travaillent dans le secteur des soins est composé du personnel infirmier, pour
un total de 44 % de toutes et tous les travailleuse·eurs de la santé[38]. Un
autre secteur important sont les agent·es de nettoyage, souvent oublié·es
lorsqu'on parle de la santé. Elles et ils en sont pourtant des actrice·eurs très
important·es au vu de l'importance capitale de la propreté et de l'hygiène dans
les institutions de santé pour le bien des patient·es.
Environ deux tiers des employé·es du secteur des soins sont des femmes[39],
[40]. Cet important pourcentage est constatable au sein des différents domaines
professionnels et confirme leur rôle central dans les soins. Cette
surreprésentation des femmes dans le système de santé découle de la division
genrée du travail, selon laquelle les femmes seraient naturellement plus
enclines à effectuer du travail de soins. Cette division, mais aussi
l’invisibilisation du travail fourni par les femmes et les mauvaises conditions
salariales et de travail, sont d’autant plus présente dans les composantes moins
valorisées du système de santé.
Plus de 20 % du personnel de santé suisse détient un diplôme étranger, avec des
grandes variations selon les cantons[41]. L’immigration du personnel de santé
est actuellement essentielle à la constitution de la relève[42]. Cela peut
néanmoins causer des manques de personnel à l’étranger, par exemple dans les
régions frontalières françaises où la Suisse empire la pénurie de personnel
médical.
De manière générale, le personnel médical est organisé de manière hiérarchique.
Les médecins en forment la couche supérieure, avec le parcours de formation le
plus élitiste et exclusif. Ce sont les seules personnes habilitées à pouvoir
poser des diagnostics, faire des ordonnances, et donc avoir le dernier mot
concernant les soins reçus par les patient⋅es.
Conditions de travail
Que ce soit comme infirmière·er dans un home pour personnes âgées, comme
psychologue dans un cabinet, comme médecin·e dans un hôpital ou comme
pharmacien·ne, les conditions de travail dans la santé sont déplorables à de
nombreux égards. Le travail de nuit et en shifts nuit à la santé et à la
conciliation entre travail et vie privée. La charge de travail déjà intense est
encore renforcée par la pénurie de personnel qualifié. Celle-ci cause un
prolongement du temps de travail, une pression à la rapidité pendant le travail
et une augmentation de la pression psychologique[43],[44].
Les salaires sont carrément insuffisants dans de nombreux domaines du secteur de
la santé. Il existe des différences selon les domaines et les professions, mais
la mauvaise rémunération dans l'ensemble du secteur fait que de nombreuses·eux
travailleuse·eurs de la santé se retrouvent en difficulté financière[45]. La
pression sur les coûts dans le secteur de la santé maintient les salaires bas
pour contrôler les dépenses. Ces piètres conditions de travail combinées à la
mauvaise paie entraînent une multiplication des abandons de profession,
renforçant ainsi à son tour la pénurie de personnel qualifié.
En formation également, les conditions de travail sont tout aussi mauvaises. Les
personnes en formation doivent fréquemment assumer de grandes responsabilités
peu après le début de leur formation et les régulations en termes de pauses ou
de jours de repos sont souvent ignorées en raison de la situation précaire du
personnel dans les entreprises.
Mais en dépit de toutes ces contraintes et des mauvaises conditions de travail,
les salaires en formation sont largement insuffisants voire
inexistants[46],[47]. Un tiers de toutes et tous les étudiant·es en médecine en
Suisse envisagent d'interrompre leurs études[48], ce qui risque d’empirer encore
le manque de personnel qualifié.
Du point de vue des patient·es
Du point de vue des patient·es aussi, le système de santé peut être la source de
nombreux problèmes. Il est tout d’abord inaccessible pour de nombreuses raisons
: financières, en raison du modèle des franchises, mais aussi pour des raisons
liées à la langue, au validisme, à la grossophobie[49], ou encore en raison de
déserts médicaux[50]. Dans les communes rurales, il y a moitié moins de
médecin·es pour les besoins de base par habitant·e qu'en ville[51], et dans le
même temps se poursuit le débat sur la fermeture des hôpitaux régionaux. Cette
difficulté d’accès à la santé reflète les divisions au sein de la société : les
migrant·es souffrent souvent de la barrière linguistique, de revenus plus bas et
de connaissances parcellaires pour affronter le système de santé complexe de la
Suisse[52]. Pour les demandeuse·eurs d'asile ou les personnes dans des centres
de retour, l'accès au système de santé est pratiquement impossible et nécessite
dans certains cas une intervention judiciaire.
Lorsque les personnes parviennent à accéder aux soins, le système est souvent
incapable de répondre à leurs besoins. L'expertise et la recherche font souvent
défaut pour répondre adéquatement aux handicaps et aux maladies chroniques.
Les patient·es sont souvent soumis·es à des violences au sein du système de
santé suisse. L'exemple le plus connu en la matière sont les mesures de
contraintes dans la psychiatrie[53], qui peuvent parfois même avoir une issue
fatale[54],[55], [56]. La violence pose aussi fréquemment problème dans d'autres
domaines, par exemple en gynécologie ou en obstétrique, ou dans les contacts
entre le système de santé et les personnes TINA. Les personnes sexisées et
racisées sont moins prises au sérieux et leurs douleurs minimisées, péjorant
ainsi les soins qui leur sont fournis.
La violence exercée contre les patient⋅es est liée en partie au manque de
personnel, mais aussi à la déshumanisation et stigmatisation des patient⋅es et
au rapport de force entre patient⋅es et professionnel·les de la santé. Bien que,
comme mentionné précédemment, il existe des hiérarchies au sein du personnel
médical, tous les corps de métier peuvent néanmoins exercer de la violence
envers les patient⋅es. Cela est notamment vrai pour une partie du personnel
travaillant dans des foyers ou hôpitaux psychiatriques. Les personnes
institutionnalisées subissent de manière saillante la déshumanisation et la
privation d’auto-détermination inhérentes au système actuel.
Une vision pour un système de santé socialiste
Les discussions sur le système de santé suisse tournent largement autour des
potentielles manières de le réformer. Le but de ce papier est également
d’esquisser à quoi ressemblerait un système de santé fondamentalement transformé
et organisé selon des principes socialistes.
Tout d’abord, il est clair qu’un système de santé de ce type ne peut exister que
dans le contexte d’une économie socialiste. La précondition à la réalisation de
ce système est donc le dépassement du capitalisme. Dans ce nouveau système, la
santé devra être au cœur de l’organisation économique, politique et sociale. Le
fonctionnement du travail devra être adapté en conséquence, avec une réduction
drastique des heures de travail et une forte sécurité au travail. De manière
générale, la société devrait être organisée pour limiter le stress, l’épuisement
et les accidents. Le but de ce système doit être l’épanouissement de toutes les
personnes.
Outre la libération de ressources humaines pour travailler dans les soins, un
système de santé socialiste dépend aussi d’une production planifiée des biens
qui y sont nécessaires. L’industrie pharmaceutique, en particulier, doit
disparaître, et les brevets doivent être abolis. Les résultats de la recherche
scientifique doivent être collectivisés, pour favoriser un progrès orienté vers
le bien commun. La production de ressources indispensables à la santé humaine ne
peut plus être soumise aux priorités économiques des entreprises, elle doit être
axée sur les besoins humains.
Une autre caractéristique de ce système de santé serait la disparition de
services et d’établissements privés. L’ensemble des soins fournis seraient donc
publics, et l’ensemble du personnel médical serait employé par la structure
démocratique dirigeante. Il n’y aurait plus la possibilité de payer plus pour
des services différents ou supplémentaires, afin que chaque personne puisse
avoir accès à la même quantité et qualité de soins. L’entièreté des soins
seraient gratuits.
En l’absence de concurrence et de recherche du profit, le système de santé
pourrait donc être uniquement dirigé par des principes démocratiques. Les
structures internes du système, que ce soit à l’échelle d’un établissement ou à
l’échelle du système, devront être démocratiques, et l’allocation des ressources
doit également être planifiée de manière démocratique par la population, qui
aura reçu la formation nécessaire.
Un système de santé socialiste devrait aussi permettre l’auto-détermination des
patient⋅es. Cela implique un bon niveau d’éducation pour l’ensemble de la
population, mais aussi une relation symétrique et horizontale entre patient⋅es
et personnel médical. Il faudrait donc une formation en conséquence pour le
personnel médical, qui souligne l’importance du consentement éclairé et
volontaire. En plus du respect mutuel entre les personnes qui fournissent et
celles qui reçoivent les soins, les dynamiques de pouvoir au sein du personnel
médical doivent disparaître pour permettre une valorisation égale de chaque
corps de métier. Toute forme de discrimination au sein du personnel ou envers
les patient⋅es doit être strictement combattue. La provision de soin sera faite
en réponse aux besoins, et ne sera pas conditionnée ou limitée par les
caractéristiques individuelles. L’objectif de tout soin doit être
l’épanouissement de la personne, et non la seule guérison de ses maux ou la
conservation de sa productivité. Afin de limiter au maximum la mauvaise santé et
d’augmenter la qualité de vie, la prévention doit être un pilier du système de
santé.
Enfin, la Suisse n’existe pas de manière détachée du monde. La mise en place
d’un système de santé socialiste doit aussi se faire dans une perspective
internationaliste. Cela passe par l’abolition des relations de pouvoir entre
Nord et Sud global, la fin de l’exploitation du Sud global, et la fin de la
logique marchande de la santé à l’échelle internationale. La lutte contre la
crise climatique doit aussi avoir lieu à l’échelle planétaire, pour mitiger les
conséquences catastrophiques de la crise sur les populations du Sud global.
Revendications à court terme
Comme mentionné, un système de santé socialiste ne peut pas exister dans une
économie capitaliste. Il existe néanmoins des mesures à court terme qui
pourraient améliorer le niveau de santé de la population. Nous demandons donc
que les mesures suivantes soient mises en place aussi rapidement que possible :
- Mise en place d'une caisse unique d'État ;
- Abolition des primes individuelles ; financement du système intégré dans
les impôts ;
- Retour des hôpitaux sous gestion publique, fin du financement (semi-)privé
des hôpitaux ;
- Garantir les prestations de santé en particulier dans les régions
périphériques ;- Mise en place d’un minimum légal ;
- Plus de financement cantonal des médecin·es généralistes pour
empêcher la réduction des prestations.
- Amélioration radicale des conditions de travail dans le système de santé
;- Mise en place d'un salaire minimum en formation ;
- Introduction d'un salaire minimum de 5000 CHF ;
- Réduction du temps de travail à 25 heures par semaine à 100 % sans
baisse des salaires ; - Protection de santé du personnel, prévention des risques
psychosociaux ; - Détermination autonome du temps de travail par le personnel ;
- Compensation du renchérissement.
- Recherche scientifique orientée vers les besoins de la population ;
- Une recherche qui prenne en compte les besoins liés au genre;
- La fin des partenariats de recherche avec les entreprises privées.
- Droit à l’auto-détermination dans les soins ;
- Plus grande priorisation de la prévention ;
- Révision totale des rentes "d'invalidité" et du système de sécurité
sociale[57] ;
- Couverture complète des coûts des thérapies psychiatriques et
psychologiques ainsi que des soins dentaires ;
- Lutte efficace contre la crise climatique ;
- Mise en place d’un impôt sur la part des héritages dépassant 50
millions pour financer la lutte contre la crise climatique ; - Adaptation des conditions de travail aux canicules ;
- Urbanisation adaptée aux fortes chaleurs.
- Mise en place d’un impôt sur la part des héritages dépassant 50
- Régulation et contrôle stricts de la sécurité au travail.
[1] WHO, Basic Documents, 2020
[3] idem
[5] Karger H. J., «Burnout as Alienation», Social Service Review, Vol. 55, No. 2
(Jun., 1981), pp. 270-283.
[7] Chronic stress at work and the metabolic syndrome: prospective study Tarani
Chandola, Eric Brunner, Michael Marmot, 2006
[9] Association of psychosocial risk factors with risk of acute myocardial
infarction in 11119 cases and 13648 controls from 52 countries (the INTERHEART
study): case-control study
Annika Rosengren, Steven Hawken, Stephanie Ounpuu, Karen Sliwa, Mohammad Zubaid,
Wael A Almahmeed, Kathleen Ngu Blackett, Chitr Sitthi-amorn, Hiroshi Sato, Salim
Yusuf
2004
[18] Climate change
https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/climate-change-and-health
2023
[26] OFSP Statistique de l'assurance-maladie obligatoire,
https://dashboardassurancemaladie.admin.ch/nombre_de_beneficiaires.html
[28] Quelques sources pour mieux comprendre les effets de la privatisation :
https://syna.ch/aktuell/privatisierung-geht-weiter ; https://ssp-
vpod.ch/site/assets/files/0/21/721/ssp_16_web.pdf ;
https://www.evenement.ch/articles/non-la-privatisation-du-nettoyage ;
https://basel.vpod.ch/news/2016/08/privatisierung-der-oeffentlichen-spitaeler-
auf-keinen-fall-gemeinsame-spitalgruppe-ja-aber-1/
[37] Pour en savoir plus sur le travail de care, lire notre papier de position :
https://juso.ch/fr/positions/feminisme/papier-de-position-sur-le-travail-du-
care/
[39] OFS Santé : statistique de poche 2024
[40] Il est ici question de femmes car les statistiques sont formulées de
manière binaire.
[45] VPOD Zürich Löhne im Gesundheitswesen 2024 Stephanie Fuchs
[46] VPOD Artikel Gesundheitswesen
[47] Arbeitsbedingungen im Gesundheitswesen mit Fokus auf den Gesundheitsschutz
der Pflegekräfte Niklaus Seline 2022
[49] Devaux, A., «La grossophobie médicale pèse sur la santé des patients», La
Côte, 8 mars 2023.
[51] Bundesamt für Statistik. 2023. “Medizinische Grundversorgung: Halb so viele
Ärztinnen und Ärzte pro Kopf auf dem Land wie in der Stadt”. 24. November 2023.
(https://www.bfs.admin.ch/asset/de/29105538).
[53] Haldemann, Muriel. 2023. “Stationäre Psychiatrie: Wirksame Behandlungen und
weniger Freiheitsbeschränkende Massnahmen im Jahr 2022”. ANQ, 17. Oktober 2023.
(https://www.anq.ch/de/medienmitteilungen/stationaere-psychiatrie-wirksame-
behandlungen-und-weniger-freiheitsbeschraenkende-massnahmen-im-jahr-2022/).
[54] Roth, Rafaela. 2024. “Der Tod eines 18-jährigen Autisten in der Klinik
Königsfelden wirft Fragen auf: Warum musste Theo W. sterben?”. NZZ, 13. April
2024. (https://www.nzz.ch/report-und-debatte/der-tod-eines-18-jaehrigen-
autisten-in-der-klinik-koenigsfelden-wirft-fragen-auf-warum-musste-theo-w-
sterben-ld.1825101).
[55] Nikolic, Tijana. Küttel, Kilian. 2022. “«Schwere Fehler» bei
Zwangsmedikation: Wie die Klinik Zugersee immer wieder gegen das Gesetz
verstösst”. Zuger Zeitung, 2. Juli 2022.
(https://www.zugerzeitung.ch/zentralschweiz/zug/zuger-psychiatrie-neue-
vorwuerfe-an-klinik-zugersee-ich-konnte-nicht-mehr-hinter-dem-stehen-was-dort-
ablaeuft-ld.2298882).
[56] SRF investigativ. 2024. “Psychiatrische Kliniken. Fixiert und eingesperrt.
Wie Zwangsmassnahmen junge Menschen in der Schweiz traumatisieren”. SRF, 1. Mai
2024. (https://www.srf.ch/news/schweiz/missstaende-in-der-psychiatrie-sechs-
tage-festgebunden-und-mit-medikamenten-ruhiggestellt).
[57] Pour plus d’informations, voir notre résolution sur une 13e rente AI :
https://juso.ch/fr/publications/positions/une-13e-rente-pour-toutes-et-tous-les-
rentiereers-du-1er-pilier/
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Änderungsanträge
- A1-007-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-015-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-018-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-025-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-033-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-035-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-039-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-054-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-055-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-057-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-066-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-069-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-082-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-096-2-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-116-3-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-132-2-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-132-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-142-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-155-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-168-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-180-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-182-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-184-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-202-2-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Charlotte Günther (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-202-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-229-2-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-229-3-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-229-4-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Charlotte Günther (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-235-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-238-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-251-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-253-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-254-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-280-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-287-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-309-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-312-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-318-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-336-FR (Kilian Teubner (JUSO Obwalden), Petra Schelbert (JUSO Schwyz), Xioa Ember (JUSO Zug), Nathalie Ruoss (JUSO Schwyz), Lukas Achermann (JUSO Schwyz), Eingereicht)
- A1-342-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-375-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Charlotte Günther (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-381-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-388-FR (Jakub Walczak (JUSO Stadt Bern), Xiao Ember (JUSO Zug), Andri Meyer (JUSO Solothurn), Auri Senften (JUSO Graubünden), Nadine Aeschlimann (JUSO Stadt Bern), Charlotte Günther (JUSO Stadt Bern), Eingereicht)
- A1-398-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-404-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-408-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-414-FR (JUSO Kanton Zürich (beschlossen am: 11.09.2024), Eingereicht)
- A1-420-2-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-420-3-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-420-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A1-430-FR (Positionssamstag JUSO BL (beschlossen am: 07.09.2024), Eingereicht)
- A3-001 (Eliot Fournier (Seki), Eingereicht)
- A3-045 (Eliot Fournier (Seki), Eingereicht)